Définition de GAI, GAIE
Prononciation : ghé, ghée
DÉFINITIONS
1
Qui a de la gaieté.Un jour, gaie et l'esprit plus content que jaloux, Je suivais en Argos cet infidèle époux
de Jean de ROTROU dans Herc. mour. II, 2
C'est, dit Tertullien, à la vérité seule qu'il appartient de railler, parce qu'elle est gaie
de FURETIÈRE dans 3e factum, t. I, p. 319
Sans raison il [l'homme] est gai, sans raison il s'afflige
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Dût ma muse par là choquer tout l'univers, Riche, gueux, triste ou gai, je veux faire des vers
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VII
J'ai encore une chose à vous dire, mon héros, dans ma confession générale ; c'est que je n'ai jamais été gai que par emprunt ; quiconque fait des tragédies et écrit des histoires, est naturellement sérieux, quelque Français qu'il soit
Sans être naturellement gai, il s'animait de la gaieté des autres
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. VI
Gai comme un pinson ou comme pinson, très gai.
Sémantique : Familièrement.Être un peu gai, être un peu animé par le vin.
Comme ils devenaient un peu plus gais sur la fin du repas, selon la coutume des philosophes qui dînent
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oreilles, 5
Cheval gai, cheval qui a de la vivacité.
Sémantique : Terme de blason. Cheval gai, cheval nu et sans harnais.
2
Qui porte le caractère de la gaieté, en parlant des choses. Humeur gaie. Esprit gai. Un oeil gai.Son visage était gai, sa bouche était vermeille
Deux siens voisins se laissèrent leurrer à l'entretien libre et gai de la dame
de Jean de LA FONTAINE dans les Remois.
La cour veut toujours unir les plaisirs avec les affaires.... tout est couvert d'un air gai, et vous diriez qu'on ne songe qu'à s'y divertir
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Où règne la gaieté.
Notre repas fut le plus gai du monde, et j'y fus plus gai que personne
3
Qui inspire de la gaieté. Une chanson, une vue gaie.Le vert est plus gai ; vous avez raison, il n'y a qu'à le laisser comme cela [un ameublement]
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Vert galant, sc. 26
Appartement gai, appartement bien exposé, qui a une vue agréable.
Temps gai, temps serein et frais.
Avoir le vin gai, être de belle humeur quand on a un peu bu.
Sémantique : Terme de peinture. Couleurs gaies, couleurs vives, légères et brillantes. Vert gai.
La gaie science, le gai savoir, noms que portait autrefois la poésie des troubadours.
4
Sémantique : Terme de musique. Synonyme d'allegro. Un air d'un mouvement gai.5
Propos, conte gai, se dit quelquefois de propos, de contes un peu libres.6
Dans un langage technique, qui a trop de jeu, qui n'est pas assez serré. Cette vis est trop gaie. Ma tabatière était trop gaie, elle s'est ouverte dans ma poche.Sémantique : Terme de marine. Se dit d'un mât ou de tout autre objet, lorsqu'il est trop au large dans son trou ou dans la place qu'il occupe.
Sémantique : Terme de pêche. Hareng gai, celui dans lequel on ne trouve ni laite, ni oeufs.
7
Nature : S. m. Grand gai, petit poisson qu'on nomme aussi pucelotte.8
Gai ! interjection qui s'emploie pour exciter à la gaieté et aussi au mouvement, à l'action. Gai, divertissons-nous.Allons, gai ! vous a-t-on donné votre congé ?
Gai ! gai ! serrons nos rangs, Espérance De la France ; Gai ! gai ! serrons nos rangs, En avant, Gaulois et Francs !
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Gaulois et Francs.
SYNONYME
1
GAI, ENJOUÉ, JOYEUX. L'homme gai est de belle humeur ; c'est l'effet du tempérament ou de quelque heureuse circonstance. L'homme enjoué se joue, il a la plaisanterie agréable, le désir et le talent d'amuser. Joyeux se dit des affections du moment : un homme très froid et posé peut être joyeux s'il apprend une nouvelle qui lui fait grand plaisir.HISTORIQUE
1
XIIe s.Donc jà n'arez à tel jor le cuer [coeur] gai
dans Raoul de C. 197
2
XIIIe s.Le premier jour de mai, Cil douc tans cointe et jai
dans Mss. de poésies fr. avant 1300, t. II, p. 833, dans LACURNE
Fille, dist la royne, soiez joians et gaie
dans Berte, VIII
3
XIVe s.Du feu a demandé l'abbé de Malepaie, Tout pour bouter le feu en celle ville gaie
dans Guesclin. 20349
Et soit vert gay [d'un vert gai]
dans Ménagier, II, 5
4
XVIe s.Et ainsi print congé, gai comme Perot
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, XXIV
En une petite chambre haute assez gaye
dans Sat. Mén. p. 222
Si ne feirent les autres que prendre garde seulement, que ceste poultre [jument] avoit le poil et les crins rouges fort luysans, et comme elle estoit vifve et guaye, à ouyr son clair et fier hennissement
de Jacques AMYOT dans Pélop. 39
Sa maniere d'escrire est guaye et austere, sententieuse et toutefois familiere
de Jacques AMYOT dans Caton, 14
... Il n'y a pas de si beaux bois, ny des forest verdoyantes, guayes prairies ny autres lieux de plaisance....
de ID. dans Flam. 4
L'oeil malade refuit les couleurs vifves, guayes et brillantes
de Jacques AMYOT dans Phoc. 2
ÉTYMOLOGIE
1
Berry, gai, au féminin gaitte ; provenç. gai, guay ; anc. espagn. gayo ; ital. gajo ; de l'anc. haut-allem. gâhi, prompt ; allem. mod. jähe. Toutefois on peut noter, ne fût-ce que pour mention, le nom propre latin Gaius, qui était un nom de bon augure, et que les langues italiotes offrent sous la forme de Gavius, lequel semble signifier le réjouissant ; Gaius aurait donné sans peine gajo ; mais les intermédiaires manquent.